Guillaume Delisle est un des comédien rattaché à la compagnie Quai Ouest.
Son parcours a fait de lui depuis 2008 une des forces vives de la troupe.
Impliqué et engagé, Guillaume joue, a des compétences informatiques, et écrit aussi!
Depuis 2008, il encadre 2 ateliers adultes au sein de la compagnie et écrit tous les ans pour ses amateurs.
Retour sur un parcours de comédien et d'écrivain, à l'aube de la 4ème édition du Festival des Amateurs de la Cie Quai Ouest (du 10 juin au 3 juillet 2016):
- "Rentrons dans le vif du sujet, Guillaume tu écris depuis combien de temps ?"
La première fois que j'ai eu des lecteurs, ça devait être pour une nouvelle qui abordait mon autre passion : le bodyboard ; c'était pour le journal de l'école alors que j'étais étudiant au sacré cœur, il y a une vingtaine d'années.
Plus tard, j'ai conçu des sketchs avec mon compère Éric Destenay quand j'étais animateur en club. C'est une aventure qui s'est poursuivie dans des cafés théâtres parisiens avec notre duo que l'on que l'on avait surnommé les 50/50...
- "Pourquoi écris-tu ?"
J'ai d'abord écrit parce que personne d'autre ne voulait s'y "coller". Lorsqu'il fallait écrire des sketchs, j'étais celui qui se dévouait. Je n'ai nourri une vraie nécessité personnelle d'écrire qu'à partir du moment ou j'ai développé une véritable conscience politique. L'écriture a alors été pour moi une réaction épidermique à mon appréciation nouvelle du monde. Je sais que ça fait peur, mais c'est pourtant très concret pour moi. C'était en 2006 tandis que je répétais au stade de France pour Ben-Hur de Robert Hossein. Je finissais mes répétitions et j'enchaînais avec l'écriture. C'est ainsi qu'est né mon premier roman "Qu'ils aillent se faire pendre" qui traitait de la nécessité de l'art. Je crois qu'il dénonçait déjà l'absurdité qui préside nos destinées collectives...
Dans le cadre de mes ateliers, l'écriture me permet tout simplement d'avoir une pièce sur mesure pour mes comédiens. J'ai une grande passion du jeu, mais une petite culture des pièces en comparaison de mes confrères Geneviève Beurrier, Éric Rannou et Ludovic Plestan. Cela me serait difficile de choisir une pièce qui corresponde aux distributions qui me sont imposées par les effectifs de mes ateliers. Il est, par exemple, délicat de trouver une pièce pour dix femmes et trois hommes.
Mais bon, le fond de la chose, c'est surtout que j'écris parce que j'aime ça et que ça m'est nécessaire pour me sentir quotidiennement créateur, même lorsque je n'ai pas un rôle à travailler en tant qu'acteur.
- "Qu'as tu déjà écrit ?"
J'ai écrit des sketchs de café théâtres et adapté une pièce que j'ai également mis en scène sur Paris qui s’appelait "Tronches de vie". En dehors de mon roman, "Qu'ils aillent se faire pendre", j'ai également publié ma première pièce "La densité de la vie" en 2007 chez manuscrit.com.
Plus tard, j'ai publié le texte des pièces que j'ai mis en scène dans le cadre des ateliers amateurs de quai Ouest par le biais de thebookedition.com : "Un commissariat", "Mamie Manbeton", "Les routes de Libertalia", "Toilettes pour dames", "Modestes héros"... Sans oublier "Meurtre au Charleston" qui a elle été mise en scène par mon compère Éric Rannou avec la troupe des Choc'art d'Yffiniac.
J'ai également écrit "Bienvenue sur la petite bleue", que j'ai joué en 2014.
J'allais oublier "Les Dieux ont perdu la foi" qui a eu l'honneur de se voir distinguer par le comité de lecture d'"éclat de scène".
Les spectacles qui seront joués en 2016 par les amateurs présents au sein de mes ateliers sont également publiés chez thebookedition.com : "Nos restes" et "Le défilé de la dernière chance". Et vous pourrez également voir mon adaptation des "Petits mouchoirs" mis en scène par Ludovic Plestan.
- "Qu'est ce que cela impose de particulier d'écrire pour des amateurs ?"
Avec les débutants, j'essaie de faire simple, non pas qu'ils ne soient pas capables d'apprendre des "tartines", mais plutôt par précaution... Tant que je ne connais pas les personnes, je ne peux pas être certain de leur investissement sur la durée. Je me suis déjà vu devoir réécrire trois fois une pièce parce que des gens me "lâchaient" en cour de route.
C'est affreux pour la dynamique du groupe !
Avec l'expérience, je me rends compte que tant que certaines personnes n'ont pas été confrontées à l'exercice de la scène devant un public, elles ne perçoivent pas forcément la nécessité de s'investir avec régularité. A cinq minutes de jouer, j'en entends parfois me dire : "Je me sens pas bien là." Je pourrais leur répondre : "Si tu étais venu répéter plus d'une fois par mois, ça irait peut-être mieux ?" (Rires).
Donc quand j'écris pour des amateurs que je ne connais pas encore bien, j'en garde sous le pied. Je ne donne pas tout à fait tout.
Avec ceux qui jouent une pièce écrite par mes soins pour la première fois, j'ai aussi le soucis de la légitimité. Je sens bien que tant qu'ils n'ont pas lu le premier jet de la pièce, ils sont un peu dubitatifs, voir inquiets.
Avec les comédiens que je met en scène dans le groupe avancé et que je connais depuis moult années pour certains, je n'ai aucune contrainte particulière si ce n'est que ce sont des grandes gueules (rires). Avec eux, j'écris comme pour des professionnels parce que je les sais très fiables et exigeants envers eux-mêmes. J'essaie aussi d'être équitable dans mes répartitions des répliques en donnant plus de textes à ceux qui ont pu en avoir moins les années précédentes. Dans l'absolu, je préférerais ne pas me contraindre à des impératifs de longueurs de textes, c'est le meilleur moyen d'écrire pour ne rien dire... Mais bon je le fais, même si c'est une contrainte effectivement.
- "Quels sont tes sources d'inspiration ?"
Avec les amateurs, tout part de leurs désirs et de leurs propositions.
Ensuite dans l'écriture, je pense qu'énormément de choses m'inspirent : l'actualité évidemment, mes lectures, des jeux vidéos, des peintures, des graphs sur les murs de Saint Brieuc, des atmosphères, des choses que j'entends dans la rue, des personnages que je croise, des frustrations que je vis, et par dessus tout la musique. La musique est ce qui me meut le plus puissamment quand j'écris... De la musique, mais surtout pas des chansons ; les chansons, ça crée doublons de dialogues dans ma tête, c'est insupportable !
- "As-tu une méthode d'écriture ?"
Avec les amateurs, je pars d'improvisations avec eux pour me nourrir de situations et de personnages surtout. Ensuite le vrai travail commence à mon bureau avec l'élaboration d'un plan très détaillé, des indications sur les divers personnages etc... Une fois que j'ai la trame de la pièce scène par scène j'écris les dialogues. Le signal pour que je commence à écrire, c'est quand j'ai hâte de questionner les personnages.
- "...Tu questionnes les personnages ?... C'est-à-dire?"
Quand j'ai suffisamment nourri la logique des personnages et des situations dans lesquelles ils vont évoluer, le contexte de la pièce ; j'ai alors l’appétit d'écrire. Quand c'est le cas, je laisse les personnages faire leur vie et j'écris ce qu'ils laissent voir. Quand c'est un peu confus, je questionne le personnage : "Et tu fais quoi là ? Pourquoi tu dis ça ? Ou tu vas ? D'où tu viens ? Etc"
Bon, je tiens tout de même à dire que tout ça je le fais par le biais de l'imagination, hein. N'allez pas croire que je passe mon temps à parler tout seul chez moi. Ça je le fais suffisamment quand je répète mes rôles. Mes voisins doivent me prendre pour un fou, ça doit être pour ça qu'ils déménagent tous (rires).
- "Quels sont tes projets d'écriture ?"
J'ai d'ores et déjà écrit et publié "Milton", une pièce que jouera Éric Rannou la saison prochaine en solo. C'est une pièce sur les thèmes de l'intelligence artificielle et de la subjectivité. Cela a été mon travail d'écriture le plus abouti et je sais que cette pièce ne sera comprise qu'une fois qu'elle aura été jouée... Donc j'ai hâte de voir le résultat ! Sinon, toujours sous l'impulsion d'Eric Rannou, je vais amorcer cet été l'écriture d'une pièce qui se passera dans l'univers du porno... Oui, nous n'avons pas froid aux yeux à Quai Ouest (rires).
Je réfléchis à l'idée d'écrire un nouveau spectacle en solo pour ma pomme, mais plus simple que celui j'avais monté il y a deux ans. Donc peut-être sous la forme d'un spectacle de stand up... A l'armoricaine !
J'ai toujours un projet de court-métrage, qui me servirait à vendre un concept de série, et que j'aimerais tourner dès que possible... Cela va dépendre de l'enthousiasme que je rencontrerai autour de moi vis à vis du projet. L'écriture c'est bien, mais il faut que ça meuve les gens.
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